Chère Marie Ducaté,
Je vous écris à cette adresse un peu déroutante. C’est elle qui m’a fait connaître votre intervention à la chartreuse de La Lance. Vos installations sont merveilleusement discrètes, tout en obligeant chaque fois à s’arrêter et réagir. Je vois que depuis que nous ne nous sommes plus revus, vous avez évolué dans diverses directions. Vos interventions sont si secrètes et retenues qu’on croirait que vous avez toujours été présente parmi ces pierres, que seules des touches légères complètent et commentent. Le gisant de mousse est une trouvaille magnifique. Je vois que votre art ne fléchit pas et cela me réjouit. Vous continuerez de semer les merveilles les plus inattendues quand je ne serai plus. Le destin de nos oeuvres à chacun est incertain et pas forcément durable. Mais que des êtres continuent envers et contre tout de faire jaillir des printemps et des hivers imaginaires, cela est essentiel et rachète la brièveté de toute vie, celle des hommes, des bêtes, du soleil, des amas de galaxies et de la réalité elle-même.
Persévérez, chère Marie Ducaté. Vos efforts portent de beaux fruits.
Des printemps de la vie, Water Weideli, octobre 2017