Annie Chèvrefils Desbiolles, 1997

Dialogues

« Ainsi vous mettriez dans votre chambre ou dans celle de votre mari, si vous étiez femme et si vous aviez un mari, un tapis où seraient représentées des fleurs ? dit le Monsieur. Et pourquoi cela ?
S’il vous plaît Monsieur, j’aime beaucoup les fleurs, répondit la fillette » .
Dickens Hard Times Chapitre II

Tout d’un coup, on arrête de fixer un point central, une ligne de mire, un objet d’attention. Le regard s’ouvre, glisse, embrasse : tapis, vases, tables, lampes, assiettes, nappes, verres, consoles…, tout est pensé, dessiné, nourri de couleurs. Pièces de mobiliers, ornements, accessoires, forment, à l’image des tableaux, des scènes d’intérieur, décors sans coulisses, pour soi.

Voir, toucher, contempler, habiter, les oeuvres de Marie Ducaté c’est tout un monde transfiguré par un excès de curiosité, de sensualité, de gourmandise même ! Cette profusion a certainement pour beaucoup quelque chose de vulgaire, d’inutilement décoratif alors qu’elle est en vérité substantiellement légère donc essentielle. Tout l’art de Marie Ducaté est de donner abondamment sans jamais alourdir, d’oser les rapprochements d’image, de couleurs, de matériaux sans jamais « en rajouter ».

Son oeuvre est une invitation à regarder les choses de plus près, à les goûter vraiment, à retrouver – au fond de soi – l’émerveillement de l’enfance, quelque chose qui ressemble à l’innocence…Un monde vu à travers les profondeurs d’une eau claire et limpide. Ses sculptures d’enfilade de perles maillées sont les éléments magnifiques d’un paysage reflété ; fleurs et étoiles sous-marines forment un monde sans dessus-dessous, sans gravité.

Terre, eau, feu, air s’harmonisent par le verre, le fer, la céramique, l’aquarelle. Légèreté des corps et des courbes, transparence et luminosité des couleurs, tout exprime ce besoin de lier les choses, « dans une perméabilité totale de correspondances ».(1) Les oeuvres de Marie Ducaté évoquent le temps des commencements et des fins et ouvre sur un espace d’éternité.

« C’est porteur de rêve, comme un dessin d’enfant, pas plus ».(2)
Pas plus ?

(1) – « Entretien avec Marie Ducaté », cahiers de l’Artothèque Antonin Artaud,n°7, Marseille, mars 1993.
(2) – « Résidence d’artistes : Marie Ducaté », entretien, catalogue Maison de la faïence, Desvres, avril 1997.

Marie Ducaté expose au Cargo du 15mai au 17 juillet 1997, 53-55 rue Grignan à Marseille.

Annie Chèvrefils Desbiolles
in Papiers libres, n°9 Juin 1997

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